La nouvelle normalité dans l’industrie canadienne du fil et du câble

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Jerome-pour-fil-cable_400.gifJerome Leroy

En 18 mois seulement, notre industrie a vu des entreprises verrouillées et des frontières fermées. Les délais de livraison sont passés de plusieurs semaines à plusieurs mois et des commandes ont été annulées. Les prix du cuivre ont presque doublé et continuent d’augmenter. Nous avons assisté à un nombre croissant d’événements météorologiques extrêmes, par exemple le Texas fermé par le froid et la Colombie-Britannique frappée par une chaleur record. Et, bien sûr, la pandémie a touché toutes les économies du monde.

Ne vous y trompez pas : ces événements caractérisent une nouvelle normalité où, selon nous, nous assistons à l’émergence — et à l’accélération — de deux tendances à grande échelle. La première est la perturbation de la chaîne d’approvisionnement. La seconde est la montée en puissance de la responsabilité sociale des entreprises (RSE).

Le facteur de peur de la chaîne d’approvisionnement

De nos jours, rares sont les directeurs des achats qui ne sont pas confrontés aux défis de la chaîne d’approvisionnement — matières premières pour les fabricants, produits finis pour les distributeurs et les installateurs, et volatilité des prix pour les uns comme pour les autres. Il y a plusieurs raisons à cela :

Pénurie de matières premières : En commençant par le cuivre, plusieurs composants clés des câbles métalliques ont été difficiles à trouver cette année (PVC, aluminium, bois, etc.). La réalité est que la COVID a accéléré une tendance à long terme de contraction de la production de cuivre, avec des mines fermées pendant plusieurs semaines. La neige au Texas et le récent ouragan Ida ont également eu un impact négatif sur la production de composés plastiques (et dans une certaine mesure sur la production de cuivre également).

Hausse de la demande du marché : Alors que les fabricants et les distributeurs ayant de faibles niveaux de stocks se remettaient des pénuries de la COVID, les chantiers de construction ont commencé à rouvrir. Les plans d’intervention économique en cas de pandémie ont fourni des incitations, tandis que le beau temps et le flux de personnes se déplaçant des villes vers les banlieues, les petites villes et les zones rurales n’ont fait qu’accroître la demande. Des applications résidentielles aux applications commerciales, notre industrie traite des volumes de câbles que nous n’avions pas vus depuis des années.

Limites de fabrication : En plus des tensions sur les matières premières et la main-d’œuvre, le marché canadien a été touché par la reprise du marché américain. La forte demande américaine combinée à des marges exceptionnellement élevées a poussé certains fabricants à se retirer momentanément du Canada pour se concentrer sur la demande américaine.

Ces événements peuvent ou non se reproduire, du moins pas en même temps. Il est toutefois probable que les prix du cuivre continuent de croître. Comme Goldman Sachs l’a expliqué dans un rapport de décembre 2020, nous sommes actuellement à un pic de production de cuivre qui va décliner pendant au moins les 20 prochaines années, tandis que la demande tirée par les câbles, les batteries, etc. continuera de croître. De plus, des événements météorologiques inattendus se sont produits et continueront de se produire – plus importants et plus fréquents si l’on en croit les experts en environnement, ce qui contribuera à provoquer des perturbations.

RSE et changement climatique

Jusqu’à récemment, le terme « RSE » signifiait « représentant du service clientèle » pour la plupart des entreprises. Alors qu’elles étaient plus présentes à l’esprit en Europe jusqu’à récemment, les entreprises canadiennes rattrapent leur retard en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE). L’une des raisons de cette sensibilisation accrue est que les grandes entreprises sont poussées à travailler et à publier leurs rapports environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), car de plus en plus d’investisseurs, comme Black Rock, tiennent compte des émissions de carbone dans leurs placements.

Une autre raison ? Les entreprises ressentent localement la montée en puissance des défis liés à la RSE — en particulier les entreprises comme les services publics, qui se sont engagées à respecter la neutralité carbone. Dans les années à venir, les industriels devront redéfinir leur mode de fonctionnement et trouver le moyen d’émettre moins de CO2, directement ou indirectement. Il en va de même pour les bâtiments publics qui exigent une certification LEED, ce qui incitera à son tour les fabricants à se pencher sur leur impact carbone. Au-delà du CO2, plusieurs entreprises de services publics mettent l’accent sur les questions communautaires — comme l’emploi local — dans leurs rapports ESG et leurs évaluations des fournisseurs.

Il y a encore plus de changements liés à la RSE à venir qui auront un impact sur les entreprises au Canada. Deux exemples : un éventuel Green New Deal aux États-Unis qui accélère radicalement la réduction des émissions de CO2 d’ici 2030 et qui obligerait probablement le Canada à suivre le mouvement. Et une décision de justice néerlandaise qui oblige le géant mondial du pétrole et du gaz Shell à réduire les émissions de CO2 générées par sa production de pétrole, de gaz et de produits pétroliers, ce qui pourrait exercer la même pression sur les entreprises canadiennes à forte intensité de carbone. Dans l’industrie du câble, l’Europe a bien progressé dans le calcul et l’étalonnage des émissions de CO2 des câbles, tout en exigeant des fabricants qu’ils surveillent en permanence les réglementations environnementales (par exemple, REACH, RoHS) pour les matériaux autorisés et qu’ils s’assurent de leur conformité. Enfin, avec les récents événements survenus en Colombie-Britannique et le fait que le Canada connaît la deuxième augmentation de température moyenne la plus rapide au monde, une pression politique et juridique accrue est à portée de main, même sans action internationale.

S’adapter à ces tendances

C’est un nouveau monde auquel Nexans se prépare déjà, ainsi que ses clients et l’industrie. L’année dernière, nous avons annoncé que nous allions nous concentrer sur la qualité de service, en consacrant la majeure partie de notre capacité aux meilleurs clients. Nous avons également renforcé l’intégration de nos activités avec notre usine de fabrication de barres de cuivre de Montréal afin d’affiner les opérations. Cette décision s’est avérée être la bonne, nous permettant d’assurer la continuité des affaires avec tous nos clients.

En attendant, nous ouvrons la voie à un mode de fonctionnement compatible avec la RSE. En nous appuyant sur l’expérience acquise par Nexans en Europe, nous réduisons déjà notre empreinte carbone et nous avons établi une feuille de route pour aller plus loin. Et nous nous engageons auprès de nos principaux fournisseurs et clients à faire davantage.

En tant que membre actif de la communauté canadienne depuis 110 ans, nous avons vu, soutenu et conduit certains des plus grands changements dans notre industrie. Nous sommes impatients de relever les dernières tendances et les derniers défis, en collaboration avec nos partenaires.

Jerome Leroy est vice-président, Amérique du Nord, Bâtiments et Territoires chez Nexans.

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